World through his lens

Comment passe-t-on d’études en mathématiques informatiques pour bifurquer en marketing digital? Il n’y a pas de vraies réponses à la question. Ce parcours est celui de Mehdi Drissi, mais aussi celui de plusieurs jeunes de notre génération. N’est-ce pas? Une génération de possibilités qui est ouverte sur le monde. Si bien qu’on aimerait tout essayer, pour être sûr de ne pas passer à côté de notre vocation.

Aujourd’hui, Mehdi a troqué ses calculs pour un appareil photo. Il consacre une grande partie de son temps à photographier des pays qu’il visite. Ce ne sont pas que des clichés de voyage, mais bien de la photographie documentaire.

Pour le compte d’ONORIENT, un site web sur la culture arabe, il a été choisi comme membre de l’équipe pour le projet #ONORIENTOUR. Ce projet vise à aller à la rencontre d’artistes du Maghreb et du Moyen-Orient pour découvrir comment ils redéfinissent la culture.

 

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Quel a été votre premier voyage?
Mon premier voyage… Je pense que j’avais dans les 1 an et je ne me rappelle plus trop.
Sinon celui qui m’a un peu marqué était en 2013, où j’enchainais quelques jours de vadrouille à Londres. Les ruelles, les gens, les odeurs. Première fois que je partais à la rencontre de l’autre dans une ville que je ne connaissais pas. Que je m’intéressais aux us et coutumes, que je me perdais (merci Google Map), que je vadrouillais sans trop chercher quelque chose de spécifique…

 

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Est-ce cette expérience qui vous a poussé à faire de la photographie? Sinon, qu’est-ce qui vous a poussé à faire de la photo?
C’est en effet durant ce voyage que j’avais décidé de lancer un projet photographique 365 : 1 photographie par jour, pendant 1 an, le 30 décembre 2013 à Londres. J’avais commencé la photo depuis 6 à 7 mois, où j’avais appris les bases techniques et où j’avais découvert la photographie documentaire et de rue.

 

Ce jour-là, je lisais un article sur les jeunes photographes qui proliféraient sur la toile et ceux qui lâchaient au bout de quelques clichés sans le succès escompté. J’ai donc essayé de trouver un moyen qui me pousse à ne pas lâcher la photographie au bout de quelques jours, le challenge du 365 me paraissait être un bon compromis. Et puis prendre une photo par jour pendant un an, dans n’importe quelle ville où on est : quel meilleur moyen de découvrir une ville?

 

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Selon vous, qu’est-ce qui pousse notre génération à voyager partout, à vouloir explorer le monde? Pourquoi cet engouement?
Internet. À mon avis, en tout cas. La génération de nos parents avait une télévision et pour les plus vieux d’entre eux, une seule chaîne en noir et blanc. Nous, nous regardons de l’autre côté d’un écran qui nous propose des millions d’images colorés qui nous font rêver. On a des contacts avec l’autre côté de cette fenêtre virtuelle, un contact qui peut être réel si on prend le prochain vol « low coast » avec comme seul bagage, notre sac à dos.

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Vous avez récemment visité plusieurs pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Parmi ces pays, lequel ne vous a pas laissé le temps de déposer votre appareil une seconde?
L’Égypte. Clairement l’Égypte. Je ne sais pas si le nombre d’habitants multiplie les scènes, aussi folles les unes que les autres. Peut-être qu’ils ont ça dans le sang aussi, le théâtre… Mais au Caire, et même à Alexandrie, ce fut un florilège de photo. Il y a aussi la réaction des Égyptiens, qui m’ont vite mis à l’aise, après quelques mots échangés. Beaucoup moins compliqué qu’en Algérie par exemple.

 

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Pourquoi est-ce compliqué en Algérie?
Pour cette question je pense que chacun te donnera son explication. La mienne étant que durant la décennie noire (la guerre civile des années 90), toute photographie de rue était interdite pour des raisons de sécurité. Une loi était passée pour permettre qu’à ceux en possession d’une autorisation de faire des photos dehors, par peur que ça soit un repérage de terroristes pour faire exploser le lieu.

La décennie noire terminée, cette loi a été levée dans les années 2000, mais reste encore dans l’esprit de la police qui par un excès de zèle peut te réquisitionner ton matériel photo ou t’embarquer au poste pour un petit interrogatoire, pour les plus mal chanceux. (Aucun danger pour les « touristes », par contre).

Je mets touriste entre guillemets, car le tourisme n’est pas la force première de l’Algérie, et l’absence de touristes habituent les gens à ne pas se confronter à un appareil photo, les jeunes filles sont, souvent, interloquées quand tu les vises avec ton objectif. «Pourquoi; où vas-tu la poster; qui es-tu ?»

Après, l’algérien est un être farouche de premiers abords, mais très tendre au final. Il suffit parfois d’expliquer la démarche pour que les gens se laissent aller, mais ça change aussi ma démarche de photographe; qui prend l’instant et qui essaie de ne pas y interférer.

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Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir participer au projet ONORIENTOUR?
La culture d’une région souvent oubliée, voire négligée. ONORIENT est un web-magazine qui date depuis 2013 et qui essaie d’aborder la scène émergente d’une région souvent montrée du doigt pour ses guerres et ses atrocités. J’y étais un peu en tant que consultant pour les médias sociaux au début, puis j’ai repris le pôle communication depuis la fin 2014.

 

Quand il y a eu beaucoup de destruction de patrimoine, à Mossoul et Palmyre et l’attaque du Bardo, nous avons monté le projet #ONORIENTOUR, qui a été notre façon de répondre à ces atrocités en allant à la rencontre des artistes et des acteurs culturels de 6 pays du Maghreb et du Moyen-Orient.

 

Caire 2

 


How can someone study computer mathematics studies and change for digital marketing? There are no real answers to this question. This path is the one of Mehdi Idrissi, but also of many young people of our generation. A generation of opportunities and who is open to the world. So much that we would like to try everything, to be sure not to miss our vocation.

Today, Mehdi traded his maths for a camera. He spends his time photographing the countries he visits. His photographs are not simply travel shots, but more documentary photography.

At ONORIENT, a website on Arab culture, he was selected as a member of the team for the #ONORIENTOUR project. This project was set up to go meet artists of the Maghreb and the Middle East to find out how they redefine culture.

 

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What was your first trip?
My first trip… I think I was one year old and I don’t quite remember it.
Otherwise, the one that I did remember very well was in 2013, where I spent a few days in London. The streets, the people, the smells. It was the first time that I went to discover a city I’ve never seen. I was interested in their customs; sometimes I wanted to get lost in the city (thanks to Google Map), wandering without looking for something in particular.

 

Casbah d'Alger

 

Did this experience push you to start photography?
In fact, it was during this trip that I decided to start the project One shot for the road : one photo everyday during one year. I started in London, December 30 2013. Six months before, I started photography where I learned the basic techniques and I discovered documentary and street photography.

 

That same day, I was reading an article on young photographers who succeded on the web and those who gave up after a few photos without the desired success. So I tried to find a way that pushes me not to give up photography after a few days, the challenge of 365 seemed like a good compromise. And then, take a picture a day for a year, in any city where we are visiting: What better way to discover a city!
 
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According to you, what drives our generation to travel everywhere, to explore the world?

In my own opinion, I would say Internet. The generation of our parents had TV; the oldest of them a single program in black and white. Us, we look to the other side of a screen offering us millions of colorful images that make us dream. We have connections with the other side of this virtual window. A contact that can be real if we take the next flight « low cost » with the only luggage, our backpack.

 

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Recently, you have visited a few countries of the Maghreb and the Middle East. From all of them, which country did not give you the time to put down your camera?

Egypt. Clearly Egypt. I don’t know if the number of inhabitants multiplies the scenes, as crazy as each others. Maybe they have the sense of theater in their blood… To me, in Cairo and even in Alexandria, it was an anthology of pictures. There is also the reaction of the Egyptians that quickly put me at ease after a few words exchanged. Much less complicated than in Algeria, for example.

 

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Why it is complicated in Algeria?
To this question, I think everyone will give you his point of view. Mine being that during the black decade, (the civil war of the 90s) any street photography was forbidden for safety reasons. A law was passed to allow only those in possession of a permit to take pictures outside because of the fear of a tracking terrorists to blow up the place.

The black decade ended, this law was lifted in the 2000s but still remains in the minds of the police and by an excess of zeal they may requisition your camera equipment or send you to the station for a small interrogation, for the unlucky of them. (No danger to the « tourists »).

I put in quotes the word tourists because tourism is not a strength in Algeria, and the absence of tourists accustomed people not to confront a camera. Young girls are often offended when a camera is pointed out on them. « Why, where are you going to publish it; who are you? »

However, the Algerian is a rude being at first, but ultimately very tender. Sometimes, you just have to explain your approach in order for people to be more comfortable. Somehow, it also changes my photographer process; capture the instant and try not to interfere.

 

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What interested you in the ONORIENTOUR project?

The culture of a region often forgotten or overlooked. ONORIENT is a webmagazine, created in 2013 and who is trying to address the emerging scene of a region often shown the finger to for its wars and atrocities. I was a Social Media Consultant at first, then I took in charge the communications since the end of 2014.

When there was a lot of destruction of heritage, Palmyra and Mosul, the Bardo attack, we build up #ONORIENTOUR project, which was how we respond to these atrocities by going to meet artists and cultural leaders in 6 countries of the Maghreb and the Middle East.

 

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2 commentaires Ajoutez le vôtre

    1. Sonia dit :

      Merci Pierre-Louis d’être passé sur le blogue!

      Aimé par 1 personne

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